Alors que le président Félix-Antoine TSHISEKEDI s’engage dans la formation d’un Gouvernement d’union nationale, les communautés pygmées, marginalisées depuis des décennies, réclament avec insistance leur inclusion dans les instances décisionnelles du pays. Leurs représentants, réunis à KINSHASA, ont dénoncé leur exclusion systématique de la vie politique congolaise et exigent une participation équitable.
Une exclusion historique
Richard BOKATOLA, porte-parole du collectif des peuples autochtones pygmées, a rappelé avec émotion : « Nous sommes les gardiens historiques de la forêt du bassin du Congo, mais depuis l’indépendance, nos voix sont ignorées. Aucun pygmée n’a jamais siégé au gouvernement ou au parlement. » Cette absence de représentation, selon lui, reflète une marginalisation structurelle qui persiste malgré les discours sur la diversité et l’unité nationale.
Une citoyenneté pleine et entière
Les pygmées, souvent perçus à travers des stéréotypes réducteurs, affirment leur droit à une reconnaissance égale.
«Nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone. Nous avons des compétences, des savoirs traditionnels et des idées à apporter pour le développement du pays», a insisté Bokatola. Leur revendication va au-delà d’un simple poste symbolique : ils demandent une participation active dans les ministères liés à l’environnement, aux affaires sociales et à la justice, domaines où leur expertise ancestrale pourrait être déterminante.
Un appel à la communauté internationale
Conscients des limites des pressions internes, les leaders pygmées en appellent à la solidarité internationale.
«La RDC a signé des conventions sur les droits des peuples autochtones, mais elles restent lettre morte. Nous demandons à l’ONU, à l’Union africaine et aux ONG de nous soutenir pour faire respecter nos droits», a déclaré une représentante pygmée présente à la conférence.
Un test pour la cohésion nationale
Cette demande intervient dans un contexte où le gouvernement promet un dialogue inclusif pour consolider la paix. Les pygmées, victimes de discriminations et d’expropriations foncières, symbolisent les défis persistants de l’équité en RDC. Leur intégration politique serait un signal fort en faveur d’une démocratie véritablement représentative.
«Construire une nation unie, c’est aussi écouter ceux qui en ont été exclus», a conclu BOKATOLA.
Alors que les négociations pour le nouveau gouvernement avancent, la réponse apportée à cette revendication sera un indicateur clé de l’engagement des autorités envers l’inclusion et la justice sociale.
Les pygmées représentent environ 1% de la population congolaise (soit près de 900 000 personnes), mais leurs terres couvrent des zones forestières vitales pour la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Leur mode de vie durable en fait des acteurs incontournables dans les politiques environnementales.
Ali Haddad