L’ancien siège national du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), situé sur l’avenue Pumbu dans la commune de la Gombe, a été officiellement déguerpi ce mercredi en fin d’après-midi. L’opération, supervisée par les autorités judiciaires, marque la fin de plus de deux décennies d’occupation que le gouvernement qualifie désormais de « spoliation ».
À l’origine de cette action, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, évoque une affaire foncière vieille de 23 ans impliquant Gloria Mteyu, sœur de l’ex-président Joseph Kabila. Selon lui, le bâtiment a été indûment détenu et revient de droit à Mme Serana, présentée comme la propriétaire légitime. « Il s’agit d’une restitution légale, pas d’une manœuvre politique », a insisté Mutamba.
Mais pour le PPRD, cette version ne tient pas. Le parti de Joseph Kabila dénonce une répression ciblée et évoque une opération violente menée, selon lui, par une milice proche de l’UDPS, le parti présidentiel. Dans un communiqué, le PPRD fustige le recours à la force, dénonce le pillage de ses biens et appelle la communauté internationale à se saisir du dossier.
Cette affaire, au-delà de ses aspects juridiques, s’inscrit dans un contexte politique déjà tendu. Le PPRD, affaibli mais toujours influent, voit dans cette expulsion une tentative de musellement. Pour le pouvoir, il s’agit au contraire d’une opération de justice foncière, visant à corriger des irrégularités héritées du passé.
Reste à savoir si cette affaire marquera un tournant vers une réelle réforme dans la gestion du patrimoine public, ou si elle s’inscrira comme un nouvel épisode de l’interminable bras de fer entre les héritiers du kabilisme et le pouvoir actuel.
Ali Haddad