Nouveau rebondissement dans le dossier Bukanga-Lonzo. La Cour constitutionnelle a rejeté ce lundi la requête de l’ancien Premier ministre Augustin MATATA PONYO, qui demandait à ce que l’action engagée par le ministère public soit déclarée irrecevable. Cette décision confirme la poursuite de la procédure judiciaire à l’encontre de l’ex-chef du gouvernement congolais, poursuivi pour détournement présumé de fonds publics.
Le dossier, qui porte sur la gestion du projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo, a été renvoyé au 23 avril. Ce délai supplémentaire devrait permettre aux différentes parties – ministère public, avocats de la défense et représentants de l’État – de mieux préparer leurs arguments pour la suite de l’instruction.
Un projet ambitieux devenu symbole d’échec
Lancé en grande pompe en 2014 sous le gouvernement de MATATA PONYO, le projet de Bukanga-Lonzo visait à impulser un tournant agricole en République démocratique du Congo. Il devait servir de modèle de développement agro-industriel, en combinant investissements publics et expertise étrangère. Mais quelques années plus tard, le site est à l’abandon, les installations délabrées, et le projet n’a jamais atteint ses objectifs de production.
Selon le ministère public, plus de 200 millions de dollars de fonds publics auraient été injectés dans ce projet, dont une grande partie aurait été détournée ou mal utilisée. MATATA PONYO est accusé d’avoir orchestré, ou à tout le moins toléré, un système de mauvaise gestion et de surfacturations ayant gravement lésé le Trésor public.
Une bataille juridique et politique
Depuis le début des poursuites, Matata Ponyo nie toute implication dans les malversations alléguées. L’ancien Premier ministre dénonce un « procès politique » visant à l’écarter de la scène politique nationale. Il estime que son statut de sénateur – bien que levé temporairement – n’a pas été respecté, et conteste la compétence des juridictions qui l’ont poursuivi.
L’enjeu du procès dépasse la simple reddition de comptes : il pourrait redéfinir la place des anciens dignitaires au sein du système judiciaire congolais et marquer un tournant dans la lutte contre l’impunité.
Prochaine étape : le 23 avril
La prochaine audience devant la Cour constitutionnelle est attendue avec attention, tant par les observateurs politiques que par la société civile, qui réclame plus de transparence et de justice dans les grandes affaires de détournement. D’ici là, les avocats de MATATA PONYO comptent affiner leur stratégie, tandis que le ministère public promet de faire toute la lumière sur l’un des plus grands scandales financiers de la dernière décennie en RDC.
Ali Haddad