Tensions RDC-Rwanda : l’opposition dénonce un « manque de fermeté » de TSHISEKEDI

La récente rencontre entre le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix-Antoine TSHISEKEDI, et son homologue rwandais Paul KAGAME continue de susciter des réactions enflammées au sein de la classe politique congolaise. 
Hervé DIAKESE, porte-parole du parti « Ensemble » de Moïse KATUMBI, a vivement critiqué cette initiative, déclarant :

«Nous sommes humiliés, le Président de la République n’a même pas été en mesure de tenir une parole maintes fois répétée, de ne rencontrer KAGAME que devant DIEU.»

Cette déclaration, relayée sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias, reflète un sentiment partagé par une partie de l’opposition congolaise, qui accuse Tshisekedi d’adopter une posture trop conciliante face à Kigali.

Une rencontre sous haute tension

Le président Félix-Antoine TSHISEKEDI a récemment expliqué à ses alliés politiques les raisons de l’annulation d’un sommet prévu à Luanda le 22 décembre 2024, où il devait rencontrer Paul KAGAME sous la médiation de l’Angola. Selon les informations rapportées par Jeune Afrique, cette réunion n’a pas eu lieu en raison de divergences persistantes entre Kinshasa et Kigali.

La crise entre la RDC et le Rwanda s’inscrit dans un contexte de tensions exacerbées par la présence du groupe rebelle M23 dans l’est congolais. Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, tandis que le Rwanda reproche à la RDC de ne pas neutraliser les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hutu opérant dans la région.

L’opposition fustige un revirement

Pour l’opposition, et particulièrement le camp de Moïse Katumbi, Félix-Antoine TSHISEKEDI aurait trahi ses engagements en acceptant l’idée d’une rencontre avec Kagame. Ce sentiment est d’autant plus fort que le chef de l’État congolais avait publiquement déclaré qu’il ne rencontrerait son homologue rwandais que « devant Dieu », une phrase devenue symbolique dans le débat politique congolais.

Hervé DIAKESE et d’autres cadres de l’opposition estiment que cette démarche traduit un affaiblissement de la position diplomatique de la RDC face à Kigali. Selon eux, toute discussion avec le Rwanda devrait être conditionnée au retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais et au cantonnement effectif des rebelles du M23.

Tshisekedi entre diplomatie et fermeté

Face à ces critiques, le président congolais continue d’afficher une volonté de résoudre les tensions par la voie diplomatique, tout en posant des conditions strictes à toute négociation. Dans un entretien récent avec RFI, il a rappelé qu’il restait ouvert au dialogue, mais uniquement si les troupes rwandaises quittaient le sol congolais et si les rebelles du M23 étaient neutralisés.

Toutefois, cette posture est jugée insuffisante par une partie de l’opinion publique congolaise, qui réclame une réponse plus musclée face aux agressions présumées du Rwanda.

Un enjeu électoral et stratégique

Cette polémique intervient dans un contexte politique tendu en RDC, alors que Félix-Antoine TSHISEKEDI entame son second mandat après une élection contestée par l’opposition. La question des relations avec le Rwanda est devenue un enjeu majeur, et la manière dont le président gérera ce dossier pourrait influencer sa popularité dans les mois à venir.

En attendant, l’opposition continue de mobiliser ses partisans, dénonçant ce qu’elle considère comme une « humiliation » nationale. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits ou si Félix-Antoine TSHISEKEDI parviendra à maintenir son cap diplomatique sans perdre le soutien de sa base politique.

Ali Haddad 
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