La récente décision du Canada d’imposer des sanctions au Rwanda en lien avec la situation sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) suscite une vive réaction de Kigali. Dans un communiqué officiel, le gouvernement rwandais a dénoncé ce qu’il qualifie d’«attribution diffamatoire» des atrocités présumées commises dans la région et a annoncé son intention de demander des clarifications auprès d’Ottawa.
Les sanctions canadiennes et la réaction de Kigali
Le 2 mars 2025, Affaires mondiales Canada a annoncé des sanctions visant plusieurs entités et individus impliqués dans la crise sécuritaire en RDC, incluant des mesures contre le Rwanda. Selon Ottawa, ces sanctions sont justifiées par le soutien présumé de Kigali au groupe rebelle M23, actif dans la province du NORD-KIVU.
Le Rwanda, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a immédiatement réagi en rejetant ces accusations. « Le Rwanda prend note de la déclaration d’Affaires mondiales Canada sur la situation dans l'Est de la RDC et trouve inacceptable l’attribution diffamatoire au Rwanda d’atrocités présumées. Nous demanderons des clarifications à ce sujet auprès du gouvernement canadien », indique le communiqué officiel.
Un contexte de tensions persistantes
Depuis plusieurs années, les relations entre le Rwanda et la RDC sont marquées par des tensions croissantes, en grande partie en raison des accusations de Kinshasa contre Kigali concernant un soutien au M23. Ce groupe rebelle, composé en grande partie de Tutsis congolais, est accusé par les autorités congolaises et des organisations internationales de mener des attaques meurtrières et de commettre des exactions contre les populations civiles.
Le Rwanda, de son côté, nie toute implication et accuse la RDC de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hostile au régime de Paul Kagame et composé d’anciens génocidaires hutus.
Le rôle du Canada dans le conflit
Par cette décision, le Canada s’aligne sur d’autres pays occidentaux, notamment les États-Unis et l’Union européenne, qui ont déjà imposé des sanctions contre des acteurs impliqués dans le conflit. Ottawa insiste sur la nécessité de mettre fin aux violences et d’encourager une solution diplomatique entre Kigali et Kinshasa.
Toutefois, la réaction du Rwanda laisse présager de nouvelles frictions diplomatiques entre les deux pays. Kigali pourrait chercher à contester ces sanctions sur la scène internationale ou à riposter par des mesures similaires.
Quelles conséquences pour la région?
Ces sanctions pourraient accroître la pression sur le Rwanda, mais elles risquent aussi de compliquer davantage les relations entre les pays impliqués. La situation dans l’est de la RDC reste critique, avec des millions de déplacés et une insécurité persistante.
Alors que la communauté internationale tente de favoriser un dialogue entre Kinshasa et Kigali, cette nouvelle escalade diplomatique montre que la route vers une paix durable reste semée d’embûches.
Ali Haddad