Le secrétaire général de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), Mgr Donatien NSHOLE, est à nouveau convoqué ce jeudi matin par le ministère de l’Intérieur. Cette convocation fait suite à ses récentes déclarations dénonçant la stigmatisation des Swahiliphones en République démocratique du Congo (RDC), un sujet qui alimente un vif débat dans le pays.
Des accusations de discrimination qui divisent
Dans un communiqué publié le 22 février dernier, la CENCO a exprimé son inquiétude face à ce qu’elle qualifie de « chasse et stigmatisation des Swahiliphones » à Kinshasa et dans d'autres régions du pays. Les évêques catholiques ont condamné ces actes, mettant en garde contre les risques de division exacerbée par des discours de haine.
Ces dénonciations ont rapidement enflammé l’opinion publique. Pour certains, Mgr NSHOLE ne fait que tirer la sonnette d’alarme sur une réalité préoccupante, tandis que d’autres estiment que ses propos exagèrent la situation et risquent d’attiser les tensions.
Le gouvernement dément toute stigmatisation
Face à ces accusations, le vice-premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain SHABANI, a formellement démenti l’existence d’une quelconque politique de discrimination envers les Swahiliphones. Lors d'une rencontre avec les caucus intercommunautaires du Nord et du Sud-Kivu ainsi que de l’Ituri, il a dénoncé une campagne de désinformation visant, selon lui, à semer la division parmi les Congolais.
Cependant, sur le terrain, des témoignages font état de Swahiliphones vivant à Kinshasa qui se sentent contraints de limiter leurs déplacements et d'éviter de parler swahili en public, de peur d’être pris pour des ennemis. Cette atmosphère tendue s’explique en partie par la persistance du conflit à l’Est du pays, où des groupes armés, dont certains sont d’expression swahiliphone, sont accusés d’attaques contre les forces congolaises.
Une convocation sous haute tension
Initialement convoqué le 1er mars, Mgr Nshole avait demandé un report afin de réunir des preuves pour étayer ses déclarations. Son audience de ce 6 mars est donc particulièrement attendue. La question centrale demeure : la CENCO parviendra-t-elle à convaincre le gouvernement de l’existence d’une stigmatisation systémique des Swahiliphones en RDC ?
Dans un contexte où les tensions ethniques et linguistiques sont un sujet sensible, cette affaire risque de raviver les divisions au sein de la société congolaise. Pendant ce temps, les appels au dialogue et à l’unité se multiplient, alors que le pays tente de maintenir une stabilité fragile.
Ali Haddad