Dans un contexte où la République Démocratique du Congo (RDC) est souvent au centre de négociations internationales pour la résolution de ses crises politiques et sécuritaires, l'ancienne déclaration de Joseph KABILA prend tout son sens :
«Il n’y a pas un médiateur étranger qui connaît le Congo plus que les Congolais eux-mêmes.»
Cette affirmation traduit une posture souverainiste, affirmant que les Congolais doivent être les premiers artisans de la paix et du développement dans leur propre pays.
Le poids de l’ingérence étrangère en RDC
Depuis l'indépendance en 1960, la RDC a souvent été le théâtre d'interventions étrangères sous différentes formes :
*Politiques, avec des médiations internationales dans les conflits internes.
*Militaires, notamment avec la présence des forces des Nations Unies (MONUSCO).
*Économiques, à travers l’exploitation des ressources naturelles par des puissances étrangères.
Si ces interventions ont parfois apporté une aide technique ou financière, elles ont aussi été critiquées pour leur inefficacité ou leur manque de respect de la souveraineté congolaise.
Un appel à l’autonomie politique
En affirmant que nul médiateur étranger ne connaît mieux le Congo que les Congolais eux-mêmes, Joseph Kabila remet en question la pertinence des solutions importées et insiste sur la nécessité pour les leaders congolais de prendre leur destin en main. Cette vision repose sur plusieurs piliers :
1. Une meilleure compréhension des réalités locales : Les dirigeants et acteurs nationaux sont plus à même d’évaluer les problèmes spécifiques du pays.
2. Une appropriation des solutions : Une paix négociée localement est plus durable qu’un accord imposé de l’extérieur.
3. Une affirmation de la souveraineté nationale : La RDC doit s’émanciper des influences extérieures qui freinent son autodétermination.
Le défi d’une médiation purement nationale
Si cette approche est louable, elle se heurte à plusieurs réalités :
L’instabilité persistante dans l’Est du pays, où des groupes armés financés ou soutenus par des puissances étrangères compliquent une résolution strictement congolaise du conflit.
Les tensions politiques internes, qui rendent parfois nécessaire une médiation externe pour garantir des discussions neutres.
La dépendance économique et militaire vis-à-vis de partenaires internationaux, rendant difficile une autonomie totale dans la gestion des crises.
Vers une Médiation Endogène ?
Pour que cette vision devienne réalité, il serait nécessaire de renforcer :
Les institutions nationales, afin qu’elles puissent gérer efficacement les conflits internes.
L’unité politique, pour éviter que les divisions internes ne justifient des interventions étrangères.
La diplomatie régionale, afin de privilégier des solutions africaines aux problèmes congolais.
Conclusion
La déclaration de Joseph Kabila est un appel à une prise de conscience nationale sur la capacité des Congolais à résoudre leurs propres défis. Si la médiation étrangère peut parfois être utile, elle ne doit pas remplacer l’initiative locale. La véritable question est donc : la RDC est-elle aujourd’hui en mesure de s’affranchir des influences extérieures et de construire une paix durable par ses propres moyens ?
Ali Haddad