Par Jean-Baptiste KABEYA KAYEMBA
Journaliste sportif congolais basé à Mbuji-May
"Si vis pacem, para bellum" : Ceux qui veulent la paix se préparent à la guerre, dit l’adage latin.
Et les Léopards de la République démocratique du Congo, dans cette phase aller des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, zone Afrique, semblent l’avoir compris… en partie. Pourtant, malgré leurs rugissements, le grand saut vers la qualification reste encore incertain.
Alors, où en sommes-nous ? Que doivent faire nos fauves pour ne pas se contenter d’une simple balade dans la savane des éliminatoires ?
Leçon de la phase aller : Le roi n’a pas encore conquis la savane
Avec 10 points dans leur escarcelle après 5 matchs, les hommes du technicien français Sébastien Desabre occupent la deuxième place du groupe B, talonnant le Soudan qui compte également 10 points mais avec un match en moins. Un classement qui aurait pu être glorieux si le Sénégal avec 8 points en seulement 4 matchs, ne planait pas, tel un vautour au-dessus de nos ambitions. La bataille est donc loin d’être terminée.
Les Léopards peuvent-ils rugir plus fort ? Oui, mais il va falloir mordre !
Malgré les 10 points accumulés, la différence de buts de +3 trahit un problème de finition. Oui, la concurrence est top dans la tanière des Léopards avec des véritables renards de surface comme Banza, Kalala, Esende et surtout avec le retour de Bakambu, le buteur de Real Betis et notre fer de lance, ragaillardi par un palmarès personnel impressionnant avec les Léopards, mais les occasions manquées sont devenues un refrain lancinant. Une chose est vraie : nos attaquants doivent comprendre que le foot n’est pas un ballet de promesses non tenues. Face à des équipes qui ne nous feront aucun cadeau, le moment est venu de tuer le match, de transformer les demi-occasions en buts pleins.
La savane extérieure : Où les vrais fauves se révèlent
La phase retour ne sera pas une promenade de santé. Trois déplacements attendent nos Léopards, dont celui imminent en Mauritanie.
Le problème ? Les voyages en Afrique, ce n’est pas une virée dans un parc de jeux. Jouer à l’extérieur est une guerre des nerfs : terrains souvent capricieux, climat changeant, publics hostiles… nos joueurs doivent y être préparés.
Leçons du passé, promesses d'avenir : Ce n'est pas l'heure du safari !
Les Léopards n’ont pas oublié l’amertume des éliminatoires pour le Mondial 2022, où la qualification a failli échapper face au Bénin lors du 2è tour. Cela doit être la leçon : jouer petit bras contre des équipes soi-disant "moins fortes" conduit à des regrets. Les erreurs du passé doivent servir de moteur pour ne pas trébucher cette fois.
La défense, ce n’est pas pour faire joli
Certes, avec des joueurs comme Bushiri titularisé pour sa première, et le doyen Chancel MBEMBA, bien qu'avec un temps de jeu absent avec son club, la RDC possède des têtes brûlées en défense. Mais force est de constater que le manque de coordination à certains moments a coûté cher. Le duo devrait encore mieux verrouiller les lignes arrières, notamment face à des attaques poison comme celle du Sénégal avec Sadio Mané, toujours inspiré et capable de transformer n’importe quel ballon en or.
Que faire ? Quoi améliorer ?
Effort collectif et mental d’acier :
Les Léopards doivent préparer chaque déplacement comme un combat ultime. Les matchs à Nouakchott et ailleurs ne seront pas un pique-nique, mais plutôt un duel de survivants. Il faut donc une préparation psychologique à la hauteur.
S'appuyer sur nos guerriers à domicile
Affronter le Sénégal et le Soudan à domicile sera décisif. C’est là que les Léopards doivent se rappeler qu’ils sont rois sur leur propre terre. Devant le peuple, il faudra mordre fort et ne plus lâcher sa proie. Cette dernière journée à domicile contre le Soudan sera plus qu'un simple match : ce sera peut-être le billet vers l'histoire.
L'histoire ne s'écrit pas avec des regrets
En définitive, si nous voulons éviter les éternels phrases comme : "Et si on avait…?", l’heure est donc à la prise de conscience et chacun doit jouer pleinement sa partition du gouvernement aux joueurs en passant par les supporters.
La route vers les Amériques passe par des choix décisifs, des stratégies audacieuses, et des performances où chaque joueur, qu’il s’appelle Théo Bongonda, Mechack Elia ou Arthur Masuaku, Edo Kayembe, Yoane Wissa ou Mukau doit donner plus que son possible.
Les Léopards peuvent rugir. Ils l’ont prouvé. Mais désormais, il est temps de mordre.