Journaliste analyste et critique politique
Dans un contexte où la République Démocratique du Congo est secouée par des conflits internes et des pressions extérieures, chaque décision du chef de l'État, Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, est scrutée avec une minutie implacable. Cependant, il est important de remettre en perspective certaines critiques, notamment celle relative à la nomination de sa fille Christina Tshisekedi en tant que secrétaire particulière. Il s'agit ici d'une fonction privée, au sein de la présidence, dans laquelle la confiance est une condition sine qua non pour garantir une coordination efficace. Dès lors, pourquoi tant de bruit autour de ce choix ?
Le président, confronté à des défis sans précédent, a légitimement choisi de s'entourer des personnes en qui il a une confiance absolue. Dans une telle situation de crise, qui mieux que la famille peut offrir cette loyauté inébranlable ?
"Les murs de la famille sont plus épais que ceux du palais." C'est un dicton qui trouve tout son sens dans le contexte de la gestion d'un État fragile. Loin de constituer du népotisme, cette nomination relève plutôt d'une démarche pragmatique et d'un geste de clairvoyance politique.
L'histoire regorge d'exemples où des chefs d'État ont nommé des membres de leur famille à des postes de confiance. John F. Kennedy avait fait appel à son frère Robert pour être procureur général des États-Unis ; François Mitterrand, quant à lui, confiait des missions diplomatiques à son fils Jean-Christophe.
Même en Afrique, Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire ou Teodoro Obiang en Guinée Équatoriale ont opté pour des proches. Or, il est frappant de constater que dans ces contextes, la loyauté familiale n'a pas engendré des cris d'indignation aussi forts que ceux que nous entendons depuis vendredi soir en RDC.
D'ailleurs, devons-nous rappeler que Christina TSHISEKEDI n'est impliquée ni dans la gestion des finances publiques ni dans la prise de décisions politiques majeures ?
Son rôle est avant tout de soutenir de près les affaires courantes du président. En outre, certains étrangers au pays comme les Rwandais vivant en RDC, sont devenus députés et perçoivent bien des indemnités de l'État congolais sans soulever autant de controverses. Pourquoi donc cet acharnement particulier sur une nomination purement privée et citoyenne ?
"Les voisins n'ont-ils pas parfois des arbres plus verts que les nôtres ?"
La vraie question ici n'est pas de savoir si elle est la fille du président, mais bien de s'interroger sur ses compétences et la confiance que lui accorde son père. Car au-delà des critiques sur le lien familial, l'adhésion à un poste privé comme celui-ci est une question de compétences, non de privilèges.
"La famille est un héritage, mais les compétences sont un choix" dit-on.
Il convient aussi de rappeler que le président n'a jamais envoyé de force les enfants des autres dans l'armée, et il serait fallacieux de suggérer que ses enfants devraient y aller pour prouver leur engagement. L'armée congolaise est et restera une armée nationale, au service de la patrie, et non une armée familiale. Si certains ont vu leurs enfants choisir la voie militaire, cela relève d'une vocation et non d'une obligation. Là où ailleurs, comme en Guinée-Bissau, le fils du président est même devenu vice-président sans que cela ne provoque de tollé, il serait sage de concentrer nos débats sur les enjeux réellement importants de notre pays.
Le temps n'est pas aux querelles superficielles mais à l'unité face aux défis gigantesques qui se dressent devant nous. Plutôt que de niveler le débat vers le bas, soutenons nos institutions et reconnaissons que ceux qui ont été nommés ont le devoir de servir la nation avant tout, et non leurs intérêts personnels. "Quand le vent souffle fort, c'est le moment de resserrer les rangs." Voilà l'attitude que nous devrions adopter.
Christina TSHISEKEDI, à ce poste stratégique mais privé, est un simple indicateur de la confiance que le président accorde à ses proches dans des moments de grande incertitude. Critiquer cette nomination sans fondement réel ne fait que détourner l'attention des vrais enjeux auxquels la RDC fait face.