La situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC) connaît un tournant inquiétant. Trois groupes armés Wazalendo, opérant dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, ont annoncé leur ralliement au M23_AFC. Il s'agit du FPP/AP du général autoproclamé Kabido, du NDC-R/M et des Maï-Maï Kifuafua. Cette annonce a été officialisée dans un communiqué publié le 7 mars à Mbwavinywa.
Une décision perçue comme une trahison
Le coordonnateur des Wazalendo Front-Nord a confirmé cette information, précisant que ces groupes dissidents se sont dirigés vers Kasugho après avoir affiché un comportement ambigu lors des récents combats entre les FARDC-Wazalendo et le M23.
Selon M. MASUDI, cette attitude a été perçue comme une forme de trahison envers la nation congolaise.
En réaction, le gouvernement congolais a immédiatement pris des mesures pour neutraliser ces groupes. Kinshasa considère leur ralliement au M23 comme une menace directe pour la souveraineté nationale et un danger pour la stabilité de la région.
Les Wazalendo : Patriotes ou milices opportunistes ?
Les Wazalendo, qui signifie "patriotes" en swahili, sont des groupes d'autodéfense créés en réponse à l'appel du président Félix-Antoine TSHISEKEDI le 3 novembre 2022. À l'origine, ces groupes, composés de civils et de combattants issus de milices armées, avaient pour mission d'aider les Forces armées de la RDC (FARDC) à contrer la progression du M23, soutenu par le Rwanda.
Toutefois, l'adhésion de certains d'entre eux à la rébellion soulève des questions sur la cohésion et la loyauté de ces forces irrégulières. Cette décision pourrait être motivée par plusieurs facteurs : pressions militaires, opportunisme stratégique ou différends internes au sein de la coalition Wazalendo.
Le M23 à GOMA, mais la situation en péril
Après avoir récemment consolidé son contrôle sur Goma, la plus grande ville de l'est du pays, les rebelles ont pris possession de l'aéroport international, mettant en péril l'acheminement de l'aide humanitaire destinée aux centaines de milliers de déplacés.
Face à cette escalade, la communauté internationale multiplie les appels à un cessez-le-feu.
Mais sur le terrain, la situation semble toujours hors de contrôle, avec des alliances qui se font et se défont au gré des intérêts stratégiques des différents acteurs.
Et la suite...
L’adhésion de ces groupes Wazalendo au M23 marque une nouvelle étape dans la complexité du conflit à l’Est du Congo. Entre enjeux militaires, influences étrangères et jeux de pouvoir locaux, l’avenir de la région demeure incertain.
Le gouvernement congolais pourra-t-il maintenir l’unité des Wazalendo restants et restaurer son autorité sur les territoires sous menace rebelle ? La question reste ouverte, alors que la population, prise en étau entre les combats, continue de payer le prix de cette instabilité chronique.
Ali Haddad