Depuis plusieurs années, la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à une insécurité grandissante, particulièrement dans sa partie orientale. L’un des principaux foyers de tension reste la présence des groupes armés, notamment le M23 et l’Alliance des Forces Congolaises (AFC), accusés par Kinshasa d’être soutenus par le Rwanda. Si le gouvernement congolais adopte une ligne dure face à ces mouvements, l’homme politique et entrepreneur Seth Kikuni plaide pour une approche différente : le dialogue.
Un conflit qui s’enlise
Le M23, après avoir pris le contrôle de Bunagana en juin 2022, continue de mener des offensives, malgré les efforts militaires et diplomatiques engagés par le gouvernement congolais et la communauté internationale. La réponse officielle de Kinshasa repose principalement sur une dénonciation du rôle présumé du Rwanda et une solution militaire à travers l’armée congolaise (FARDC) et ses alliés. Pourtant, force est de constater que cette stratégie n’a pas permis de ramener la paix dans la région.
Seth KIKUNI, dans une interview accordée à Jeune Afrique, critique cette approche et s’interroge sur son efficacité. Il souligne que la répétition du même narratif – accusant Kigali d’être l’instigateur du conflit – satisfait certes une partie de l’opinion publique, mais ne change rien à la réalité sur le terrain.
Le dialogue comme alternative
Pour Seth KIKUNI, la clé de la résolution du conflit réside dans une véritable volonté de dialogue avec le M23 et l’AFC. Il estime que ces groupes ne disparaîtront pas simplement sous la pression militaire ou diplomatique, tant que leurs revendications ne seront pas prises en compte.
"Si la priorité aujourd’hui, c’est de dire à l’AFC et au M23 de déposer les armes, il faut que nous puissions les convaincre que leurs problèmes peuvent être résolus par le dialogue," affirme-t-il.
Il met en garde contre l’erreur de considérer ces groupes comme de simples marionnettes du Rwanda, estimant qu’une telle posture ne fait que renforcer leur détermination à poursuivre leur lutte.
Une position controversée
L’idée d’un dialogue avec le M23 et d’autres groupes armés reste un sujet sensible en RDC. Beaucoup considèrent ces mouvements comme illégitimes et criminels, responsables de nombreuses exactions contre les populations civiles. Pour certains, discuter avec eux reviendrait à leur accorder une reconnaissance politique qu’ils ne méritent pas.
Toutefois, l’histoire récente du pays montre que la solution militaire seule a rarement suffi à ramener la stabilité. Plusieurs conflits ont trouvé une issue à travers des négociations et des accords de paix, même si leur mise en œuvre reste souvent compliquée.
L'avenir...
La proposition de Seth KIKUNI pose une question fondamentale : la RDC doit-elle privilégier la voie du dialogue pour résoudre la crise dans l’Est du pays ? Si l’approche militaire a montré ses limites, une stratégie mixte alliant pression militaire et ouverture politique pourrait être une piste à explorer.
Reste à savoir si le gouvernement congolais et ses partenaires régionaux sont prêts à envisager cette option, dans un contexte où la défiance envers le M23 et ses alliés reste extrêmement forte. L’avenir de la paix dans l’Est de la RDC dépendra en grande partie des choix qui seront faits dans les mois à venir.
Ali Haddad