L'accès à l'eau potable demeure un défi majeur en République Démocratique du Congo (RDC). Selon la Régie de distribution d'eau (REGIDESO), un investissement de plus d'un milliard de dollars par an pendant dix ans est nécessaire pour atteindre un taux de couverture de 80 %. Cet effort colossal vise à améliorer la qualité de vie de millions de Congolais, confrontés à des pénuries d’eau et à des conditions sanitaires précaires.
Un déficit alarmant en infrastructures hydrauliques
Malgré l’abondance de ressources hydriques, la RDC peine à assurer un accès généralisé à l’eau potable. Selon des rapports récents, seule une minorité de la population bénéficie d’un accès fiable à l’eau traitée, tandis que des millions de personnes continuent de dépendre de sources d’eau non sécurisées, exposant ainsi les populations à des maladies hydriques telles que le choléra et la typhoïde.
La REGIDESO, principal fournisseur d’eau potable en milieu urbain, fait face à des infrastructures vieillissantes, un réseau de distribution limité et des pertes importantes en raison des fuites et du mauvais entretien. Le secteur rural est encore plus démuni, avec une quasi-absence d’infrastructures formelles de distribution d’eau.
Un investissement de 10 milliards de dollars sur dix ans : une nécessité
Pour inverser cette tendance, la REGIDESO estime qu’un investissement annuel d’un milliard de dollars sur une décennie est indispensable. Ce financement devrait permettre :
La modernisation et l’extension du réseau de distribution, notamment dans les grandes villes comme Kinshasa, Lubumbashi et Goma.
La construction de nouvelles infrastructures pour capter, traiter et distribuer l’eau à grande échelle.
Le développement de solutions adaptées aux zones rurales, où les forages et les systèmes de pompage solaire pourraient offrir des alternatives viables.
L’amélioration de la gestion et de la gouvernance du secteur, en réduisant les pertes et en optimisant la facturation pour assurer la pérennité des services.
Les défis du financement et de la gestion des fonds
Un tel investissement pose cependant plusieurs défis. D’abord, le gouvernement congolais, déjà confronté à des contraintes budgétaires, ne peut assumer seul cette charge. Il faudra donc mobiliser des partenaires internationaux, des institutions financières comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, ainsi que le secteur privé.
Ensuite, la gestion transparente des fonds est cruciale. La corruption et la mauvaise gouvernance ont souvent entravé les projets d’infrastructures en RDC. Des mécanismes de contrôle stricts et une supervision indépendante seront nécessaires pour garantir que les fonds alloués soient effectivement investis dans les infrastructures et non détournés.
Un enjeu crucial pour la santé et le développement économique
L'accès à l'eau potable ne se limite pas à une question de confort : c'est un impératif de santé publique et un facteur clé du développement économique. L’amélioration de l’accès à l’eau potable permettrait :
De réduire les maladies hydriques, diminuant ainsi la pression sur le système de santé.
D’améliorer la productivité, notamment en réduisant le temps consacré à la recherche d’eau, un fardeau qui pèse surtout sur les femmes et les enfants.
De favoriser le développement agricole et industriel, en garantissant une ressource en eau stable pour les activités économiques.
Une volonté politique nécessaire pour concrétiser le projet
Si les besoins sont clairement identifiés et les solutions envisageables, leur mise en œuvre dépendra avant tout de la volonté politique. Le gouvernement devra non seulement sécuriser les financements, mais aussi instaurer des réformes pour assurer une gestion efficace et durable de l’eau potable.
L’accès à l’eau potable est un droit fondamental. Un investissement massif dans ce secteur est non seulement une nécessité, mais aussi une opportunité pour transformer la RDC et offrir à ses citoyens des conditions de vie dignes et saines.
Ali Haddad