Expert en négociation diplomatique.
La mondialisation des migrations fait partie de ces globalisations contradictoires, où le développement d’un phénomène à l’échelle mondiale vient contredire le bien-fondé d’autres logiques. Les configurations qu’elle emprunte sont le reflet d’un ensemble de défis mondiaux, politiques, économiques, démographiques, culturels, environnementaux, qui témoignent des inégalités d’un monde pourtant de plus en plus interdépendant. La mobilité menace l’État-nation, même s’il résiste fortement. Le nomadisme et la circulation migratoire deviennent les figures de l’hypermodernité, les phénomènes migratoires se diversifient, depuis le nomadisme jusqu’à la sédentarisation, les identités se transforment, la notion d’intégration entre en crise, des termes comme le multiculturalisme, les discriminations positives ou le codéveloppement vieillissent, laissant la place au cosmopolitisme, au transnationalisme, aux politiques diasporiques des États de départ et à la gouvernance multilatérale. L’impact de la crise de 2008 invite aussi à revoir certaines analyses, tandis qu’émergent, à l’échelle mondiale, le droit de migrer et une demande diffuse de démocratisation du droit à la mobilité.
En ce début du xxième siècle, les migrations se sont mondialisées. Avec 214 millions de migrants internationaux en 2009, c’est-à-dire 3% de la population mondiale, un nombre qui a triplé depuis quarante ans, presque toutes les régions du monde sont concernées, ou par l’arrivée, ou par le départ, ou encore par le transit, alors qu’il y a trente ans, seuls quelques pays du monde étaient impliqués…