DIPLOMATIE : Le veto des États membres du Conseil de sécurité des Nations Unies comme principale faiblesse

Par Manassé DAKWA, analyste politico-diplomatique et chercheur en négociations diplomatiques.

Malgré leur rigueur, les règles introduites par la Charte des Nations n’ont pas empêché le déclenchement de nombreuses guerres en dehors des mécanismes prévus. 

Au nom de « justes causes », l’Union soviétique et les Etats-Unis ont entrepris des actions militaires unilatérales en Hongrie (1956), en Tchécoslovaquie (1968) ou en Afghanistan (1979) pour la première, à Cuba (1961), au Nicaragua (années 1980), à la Grenade (1983) ou au Panamá (1989) pour les seconds. 
La fin du conflit Est-Ouest n’a régénéré ni le droit international ni l’ONU.Les hostilités déclenchées par les États de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) contre la Yougoslavie, en 1999 ont montré que les grandes puissances pouvaient contourner le Conseil de sécurité. Cette dérive s’est renforcée après les attentats du 11 septembre 2001, la «guerre contre le terrorisme» lancée par les Etats-Unis. 

Du renversement des talibans, en l’absence d’une agression armée préalable juridiquement imputable à l’Etat afghan, à l’intervention en Irak de 2003, déclenchée sans autorisation du Conseil de sécurité, la guerre unilatérale a effectué un retour spectaculaire sur la scène mondiale.

Les faiblesses institutionnelles de l’ONU n’expliquent qu’en partie son échec relatif.
A partir des années 1950, et de l’intervention en Corée, on a assisté à la constitution de forces des Nations unies (désignées comme des «casques bleus») composées, au cas par cas, de soldats qui sont juridiquement sous l’autorité de l’ONU, mais qui proviennent de contingents
nationaux. 

Les Nations Unies dépendent ainsi de la bonne volonté de ses États membres, avec des conséquences parfois désastreuses, comme lors du retrait des casques bleus belges du Rwanda en plein génocide (1994).

En outre, le système de vote au Conseil de sécurité s’est souvent révélé paralysant. Le veto ou, plus encore, la menace de son utilisation restent fréquentes.
De même, seul organe des Nations Unies à pouvoir évaluer la licéité d’actions militaires, la Cour internationale de justice (CIJ) a été très peu sollicitée depuis 1945.

Alors que le débat faisait rage sur une éventuelle intervention en Irak en 2002-2003, aucun État n’a cru opportun de demander l’avis des juges de La Haye.

Les imperfections du système onusien furent manifestes dès sa fondation.

les Nations Unies donnaient une voix égale aux dictatures et aux démocraties. Figure de proue dans l’organisation, le secrétaire général fut uniquement désigné pour tenir lieu de «directeur administratif général».

Il était le serviteur des États, comme l’indiquait bien la dénomination de son bureau : un « secrétariat ».
En conclusion, la fondation de l’ONU reposait sur l’idée que les agressions transfrontalières, cause principale des deux guerres mondiales, constituaient la menace la plus grave pesant sur l’humanité ; l’histoire allait montrer que les menaces les plus sérieuses peuvent venir d’Etats qui violent les droits de leurs citoyens, à l’intérieur de leurs frontières, ou de terroristes qui n’ont cure des frontières.

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