RDC/Augmentation de la dette publique : "S'endetter n'est pas un problème, mais on devrait investir dans les secteurs rentables à court terme", John Jessé Numbi

Les dettes publiques de la République démocratique du Congo ont dépassé la barre de 10 milliards de dollars américains. Cette information suscite des interrogations dans l'opinion publique.
Pour ce faire, la rédaction de Kitinfos.com a joint John Jesse Numbi Kabeya, analyste politique indépendant, pour décrypter à fond le contour de cette dette.

Certes, pour lui, aucun pays au monde ne peut fonctionner sans dette. Même les pays les plus développés au monde sont hyperendettés.

"Notre niveau de la dette n'est pas aussi dangereux pour l'instant dans la mesure où le niveau de la dette à comparer par rapport à notre PIB représente moins 20%", a dit l'initiateur du mouvement patriotique NOTRE CONGO.

L'analyste a suggéré que le gouvernement doit être capable de montrer aux contribuables le domaine dans lequel l'argent emprunté a été investi question d'évaluer l'impact réel. En toute impartialité, il estime qu'il y a juste un problème d'orientation des sommes contractées.

"La question fondamentale est celle de dire lorsqu'on prend une dette en quoi doit-on investir pour que cela puisse se répercuter sur le développement? Parce qu'on octroie une dette pour avoir une incidence sur le développement. Aussi, il faut avoir la capacité de rembourser cette dette.Donc la dette doit être capable de se rembourser elle-même.", renchérit-il.

John Jesse Numbi Kabeya pense que le problème se situe au niveau du secteur d'investissement vu que certains domaines ne sont pas propices et prioritaires pour être financés avec de l'argent emprunté. 

"Chez nous le gros a été placé dans la gratuité de l'enseignement. Imaginez lorsque l'on finance la gratuité de l'enseignement primaire. Un enfant de l'école primaire pour qu'il arrive à être productif, il faut déjà plus de 15 ans ou 18 ans pour qu'il soit capable d'être utilisé dans la société et produire quelque chose. Donc lorsqu'on investit dans l'enseignement c'est pour récolter dans 20 ans. Alors comment nous allons rembourser cette dette contractée? C'est là que je trouve qu'il y a un probleme d'orientation à ce niveau.", estime l'analyste qui trouve qu'investir dans la gratuité de l'enseignement n'est pas mieux avec une dette.

"On ne devrait pas s'endetter pour payer les études des enfants, mais on devrait investir dans les infrastructures. Moi je pensais qu'on devrait diversifier l'économie par exemple avec l'agriculture, l'agrobusiness", a-t-il martelé.

Selon lui, le plus grand problème du Congo reste l'état des infrastructures routières. Ceci bloque le développement du pays. Ainsi donc cet argent devrait être orienté vers les infrastructures routières. 

"Aujourd'hui par exemple la route Lubumbashi-Kinshasa, ce qui nous reste c'est à peu près 1000 ou 1200 Kms pour relier les deux villes. Nous pouvons financer cela avec 1 milliard de dollars seulement! Et imaginez les 10 milliards si nous les investissons dans les routes il y aura un impact positif dans le développement. S'endetter n'est pas un problème. Mais le problème c'est où est-ce que nous mettons cet argent. Nous devons faire attention avec les organisations internationales. Elles viennent pour mettre l'argent dans la santé, dans l'enseignement, mais ce sont des domaines qui ne sont pas productifs à court terme et même pas à moyen terme. D'où ça va nous coûter très cher pour rembourser cet argent.", a-t-il poursuivi. 

Financer la gratuité de l'enseignement sans mécanisme préalable pour arrêter le financement de la gratuité par les dettes de la banque mondiale est une autre question majeure qu'a soulevée cet analyste des questions politiques.

"Quand est-ce que nous allons arrêter de financer la gratuité par la banque mondiale ou bien nous allons continuer? Si nous continuons dans 10 ans nous serons à quel taux de la dette?", s'interroge-t-il.

Signalons en outre que le budget de la République démocratique du Congo est de 16 milliards de dollars américains dont plus la grande partie est utilisée par les institutions.

Leroi SUMAIDI/FST

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